Cannes s’achève…comme on pouvait l’entrevoir, il ne fut pas, d’après la plupart des spécialistes, un très bon cru…pourtant, la France y était fort représentée….de là à croire que…
On retrouve pourtant toutes les particularités bien gauloises dans ce festival….étalage de luxe pour bobo, surtout engagé à gauche sur les plateaux du Grand Journal, diner d’ouverture pour 600 convives, « le gratin du cinéma », avec larmes de caviar pour faire chic, bar de ligne à la rhubarbe (très léger et écolo, mon chêêêêr) et champagne à gogo, avant de se finir, plus ou moins déglingué, au VIP Room, près du Palm Beach…histoire de faire la fête entre amis, quoââ, et d'oublier un instant, ses états d'âme et la grisaille d'un printemps bien déprimé….
Avec des films bien de chez nous, caméra à l’épaule, mal éclairés, mais qui montrent de la minette en chaleur (Kéchiche et Ozon), ça réchauffe, ça fait le buzz, hum, c’est bon… de l’adaptation historique complètement foirée, aux dires des critiques (Arnaud des Pallières), des riches qui doivent vendre leurs tableaux pour survivre (Bruni Tedeschi), des riches qui sont, c’est bien connu en France, toujours des putains d’enfoirés (les Salauds, de Claire Denis, qui fait surtout dans la démesure politique comme pour assoir une idée bien répandue dans notre beau pays) avec un patron comme on en trouve encore plein l'hexagone (Kéchiche dans « la Vie d’Adèle », co producteur et réalisateur) qui traite ses techniciens comme du bétail, de manière complètement autocrate, comme le rapporte sept gus employés sur le film, ce matin, dans le Monde, évoquant un climat de « harcèlement moral » sur le tournage, avec tarifs au rabais et nombreuses entorses au droit social…bref, ajoutez à cela, de grosses inquiétudes des intermittents sur leur avenir, avec la future loi Filipetti, de grosses craintes de la profession sur l’abandon des pratiques d’avance sur recettes chères à notre exception culturelle, sous la pression de l’UE et des Etats Unis…bon, y’a de la joie…
N’empêche que cette même profession dira demain soir, avant de courir prendre l'avion, de se retrouver à faire la queue Place Pierre Semard chez Budget ou pour trouver un train, que tout était génial, super réussi, avec des films tous extraordinaires, avec la tristesse de quitter la Croisette sous un probable soleil enfin de retour, avant de se retrouver à attendre que le téléphone sonne, seul à trinquer avec son désespoir, dans sa piaule en banlieue parisienne, en s'enfilant deux ou trois cachetons.... bref, Cannes, c’est la vie à française….pour le meilleur et pour le pire…miroir, mon beau miroir…